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Photo du rédacteurAngèle Truchot

MIEUX COMPRENDRE LES CHOSES HUMAINES GRÂCE À KARINE TUIL

Les choses humaines est un roman écrit par Karine Tuil en 2019. Cet ouvrage bouleversant retrace l’accusation de viol d’un jeune étudiant promis à un avenir brillant, et nous plonge dans un univers d’influence et de pouvoir, où chacun doit faire face à ses propres contradictions.

© C'est en quelle salle ?

Alexandre Farel a une vie remarquable : fils d’un couple divorcé mais puissant, Jean et Claire, connus de toutes et tous dans l’espace médiatique, il fréquente les meilleures écoles et part aux Etats-Unis étudier à Stanford. Mila Wizman est une jeune femme fragile. Loin de l’univers prospère d’Alexandre, elle est élevée par une mère stricte, de confession juive, et n’a pas beaucoup d’interactions sociales. Elle est la fille du nouveau compagnon de Claire. Lorsqu’ils se rencontrent, Alexandre propose à Mila de l’accompagner à une soirée d’anciens étudiants de Henri IV. Elle accepte. Ils boivent de l’alcool à la soirée, puis Alexandre achète de la drogue. Ils la consomment puis entament un rapport sexuel. Et c’est à ce moment précis que la réalité se distord.



QUAND DEUX RÉALITÉS S'ENTRECHOQUENT


“Nous sommes ici parce qu’une jeune femme a déposé une plainte contre vous. Elle vous accuse de viol”. Ainsi prend le livre le tournant, celui que le lectorat attend, après avoir lu la quatrième de couverture. Alexandre Farel est accusé de viol. Il croit de suite à une erreur. Il en est persuadé, il n’a violé personne, il n’aurait jamais fait ça, il doit repartir aux Etats-Unis. Mais ce n’est pas la réalité de Mila Wizman. Elle n’était pas consentante lors de leur rapport sexuel, et était sous l’effet de substances illicites. Elle porte plainte et tient le même discours pendant deux ans, malgré les pressions exercées par le milieu dont vient le violeur présumé. Le livre se termine sur le procès, et les plaidoyers des deux avocats.


Dans ce récit, Karine Tuil retrace la vie des parents Farel, lui présentateur télé émérite, et elle essayiste, renommée pour ses prises de positions féministes. L’autrice met donc en exergue plusieurs aspects d’une accusation de viol : la réaction de l’entourage, mais aussi l’emballement médiatico-judiciaire que subit les deux parties du procès. Sans oublier de dresser le profil psychologique de chacun des personnages, dont on comprend tous les détails et ressorts.



UN RÉCIT PROCHE DE LA RÉALITÉ


Ce récit est librement inspiré de l’affaire américaine dite “de Stanford” de 2016. Cette affaire a fait beaucoup de bruit aux Etats-Unis en raison de la peine dont a écopé Brock Turner, ancien étudiant de l’université de Stanford, reconnu coupable d’un viol sur une jeune femme, restée anonyme, sur le campus de l’université. Il a été condamné à six mois de prison, dont trois mois ferme. Une peine minime pour certains, juste pour d’autres. Le juge a justifié sa décision par “l’impact très grave” que pourrait avoir une plus grosse peine sur l’étudiant. Cette décision a été vivement critiquée sur les réseaux sociaux, puis dans la rue. Le manque de prise en compte de l’impact psychologique sur la victime au profit des répercussions sur la vie de l’agresseur a indigné l’opinion publique, dénonçant une hypocrisie.



DÉNONCER "LES CHOSES HUMAINES"


C’est justement ce genre d’hypocrisies de la vie contemporaine que l’autrice Karine Tuil souhaite dénoncer dans ses écrits. Elle souligne les paradoxes dont chaque être humain est fait. Celui de Claire d’abord, qui se retrouve confrontée dans son cercle le plus proche à ce qu’elle condamne publiquement dans les médias. Mais aussi celui d’Alexandre, qui veut étudier à Stanford, construire une carrière aux Etats-Unis, pays dans lequel les accusations sont prises très au sérieux (propos du livre, ndlr), alors qu’il ne remet pas en question le consentement de Mila. Jean Farel pense, quant à lui, que la jeune fille veut détruire la vie de son fils, par jalousie. Toutes ces réactions qui s’entremêlent sont une manière pour Karine Tuil d’amener le lecteur à réfléchir aux paradoxes dont chacun fait preuve, à nos propres failles, et à prendre un recul significatif sur notre société actuelle. Le choix du titre, Les choses humaines, fait sens immédiatement après la lecture.

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