Ce mardi 2 avril, l’UGC Métropole à Lille proposait une rencontre avec l’écrivaine et réalisatrice Christine Angot. Dans le cadre de la sortie de son documentaire, Une famille, elle raconte l’inceste. La salle était comble et les questions nombreuses, tous pris par cet échange poignant.
“J’ai été frappée par le silence de la salle”, déclare au micro une spectatrice. Dans la salle comble de l’UGC Métropole de Lille ce mardi 2 avril au soir, la projection d’Une famille, documentaire de l’écrivaine Christine Angot, se finit entre larmes et respirations lourdes. C’est son livre Voyage dans l’Est, qu’elle met en images. Elle y décrit un épisode douloureux de sa vie : l’inceste et les viols que son père lui a fait subir dès l’âge de 13 ans.
DOCUMENTAIRE D'UTILITÉ PUBLIQUE
“Ne filmez pas madame s’il vous plaît”. Dès le départ, Christine Angot veut créer une ambiance intimiste. L’échange débute. Pour une jeune femme, aux premiers rangs, le documentaire est libérateur. “J’ai comme reçu l’autorisation de dire ce que j’avais vécu, je vais l’écrire, moi aussi” déclare-t-elle. Quand tous ont des yeux graves, Christine Angot répond d’un sourire et évoque la joie. “Oui, c’est lourd, oui, c’est dur, mais c’est aussi joyeux, car sur cet écran, on voit ce mélange, ces non-dits qui sont visibles grâce aux mots. C’est ça qui est joyeux.” Elle conclut : “Il peut y avoir la lumière du dire”.
L'INDICIBLE
La parole est au cœur de son documentaire. Filmer les entretiens avec ses proches pour retracer les lieux et les espaces temps de l’inceste. Plus que des échanges, des rencontres avec ses proches. Elle les retrouve. Elle veut qu’ils en parlent, qu’ils mettent les mots. Que sa famille, qu’Une famille parle de l’inceste.
APRES LA TEMPÊTE, LA MER(E) ET LA JOIE
Après les mots, le statut de victime revient avec l’intervention de Charlotte, pédopsychiatre et “fan de la première heure”. Pour elle, les livres et le documentaire sont essentiels dans son métier. “Je conseille vos livres à mes internes, pour qu’ils comprennent ce qu’il se passe dans la tête d’une victime, et maintenant, je vais leur dire d’aller voir votre film”. Christine Angot est fière d’avoir réussi à trouver les mots, fière que les autres les trouvent aussi. “La joie de trouver le langage pour que les choses apparaissent, je trouve ça extraordinaire. Globalement, il est très difficile de comprendre ce qu’il s’est passé chez les autres et entendre la voix de quelqu’un, c’est rarissime”. Il est 22 h, toute la salle se lève et applaudit. Une famille, en salle depuis 2 semaines, est encore disponible au cinéma.
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