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LES INCONTOURNABLES CULTURELS DE NOVEMBRE

Chaque mois, retrouvez une sélection d'œuvres qui interrogent les grands enjeux politiques, sociaux et environnementaux du monde d'aujourd'hui.



LES LIVRES


La Laverie. Trafics, violences et une vie quotidienne : un an d’immersion au cœur d’une cité. Siam Spencer. Robert Laffont, 2024, 272 pages.


Sept mois durant, la journaliste Siam Spencer a vécu dans le quartier des Moulins à Nice, réputé pour abriter le plus gros point de deal des Alpes-Maritimes, la Laverie. Là où elle cherchait un appartement à bas prix, la journaliste découvre l’enfer du quotidien des habitants : logements défectueux, infestation de cafards et punaises de lit, affrontements entre clans. Si la violence sociale s’abat sur ce quartier, Siam Spencer y découvre aussi une forme de solidarité entre habitants, à la fois pour lutter au nom de la communauté, mais également pour tenter d’empêcher les jeunes de rentrer dans le réseau de La Laverie.


Dans le palais des miroirs. Liv Strömquist. Rackham, 2021, 176 pages.


Liv Strömquist nous plonge dans l’analyse de l’idéal de beauté féminin à notre époque. Une autopsie des comportements humains et des normes actuelles pour mieux comprendre d’où viennent nos envies, nos dogmes, et les clichés qui persistent dans nos sociétés. Elle remonte dans notre histoire commune avec des anecdotes liées à des personnages célèbres, comme Marilyn Monroe ou Kim Kardashian, afin d’imager son propos. Une aventure qui permet de montrer comment l’image de soi peut devenir un encombrant fardeau, mais aussi les changements parfois opérés pour s'adapter à l’image que l’on a de la beauté au féminin.


L'Opinion qui ne dit pas son nom. Du pluralisme des médias en démocratie. François Jost. Tracts Gallimard, 2024, 64 pages.


Dans ce tract d’une soixantaine de pages, François Jost analyse ce qu’il nomme “le poison de la concentration des médias”. Prenant comme exemple la chaîne CNews, et plus largement les médias détenus par le milliardaire Vincent Bolloré, l’auteur montre comment les grands groupes privés bafouent la règle du pluralisme des opinions et partagent des informations réécrites afin que celles-ci correspondent à leurs propres convictions. Si Jost appelle l’ARCOM à sanctionner ce manque de pluralisme, il engage aussi les lecteurs à surmonter le biais de confirmation qui les pousse à privilégier les quelque chaînes confortant leurs croyances et opinions.


100 photos pour la liberté de la presse. 77 - Martine Franck. Reporters sans frontières, 2024, 144 pages.


Pour la première fois, la collection 100 photos pour la liberté de la presse met à l’honneur la photographe belge Martine Franck, décédée en 2012. C’est un hommage à son travail qui a permis de transposer l’humanité et les souffrances des hommes sans jamais les dénaturer. C’est une plongée dans le regard doux et bienveillant qu’elle transpose aux oubliées de Long Island ou de l'Église Saint-Bernard à Paris, et de bien d’autres. Son travail en noir et blanc est une invitation au questionnement sur notre humanité.



LES DOCUMENTAIRES


Tigré : viols, l’arme silencieuse. Arte, novembre 2024, 37min.


En temps de guerre, le viol et les agressions sexuelles deviennent des armes , au même titre que les bombes. Entre 2020 et 2022, pendant la guerre ayant opposé le Tigré à l’Éthiopie et l’Érythrée, une femme tigréenne sur dix aurait été violée.


Alors que le sujet reste tabou dans la région et que les victimes se font rejeter par leurs proches et qualifier de “déchets des soldats”, d’autres femmes tentent de leur venir en aide. Entre associations fournissant un soutien économique et infirmières soignant les victimes, toutes les femmes de la société tigréenne s’impliquent dans cette lente quête vers la reconstruction.


RDC : face à l’épidémie MPOX. Arte, novembre 2024, 12min.


L’Est de la RDC est devenu le cœur de l’épidémie de variole du singe. Dans le camp de Chabindu à la frontière avec le Rwanda, le Burundi et l’Ouganda, des déplacés arrivent chaque jour pour fuir les affrontements entre le M23 et l’armée.


Les conditions de vie précaires empêchent ces personnes de pratiquer les règles d’hygiène censées freiner la propagation du Mpox : la majorité des malades sont ainsi des déplacés de guerre. Le virus se transmet aussi lorsque les femmes se font violer par des soldats aux alentours du camp. Médecins sans frontières y a ouvert un centre afin de leur apporter une aide, mais rien ne ralentit la propagation du Mpox.


Tracks East, Asie centrale : un nouvel enjeu pour Poutine ? Arte, novembre 2024, 32min.


L'Ouzbékistan est un allié stratégique de la Russie pour son coton, essentiel pour la création de bombes, notamment depuis la guerre en Ukraine. Des lois contre la liberté d’expression inspirées de la Russie y sont passées en 2024.


Tracks East présente le portrait de trois Ouzbeks. D’abord, un photographe montrant les dégâts environnementaux et sociaux de l’industrie du coton. Ensuite Manizha, qui a représenté la Russie à l’Eurovision 2021, et vit à Moscou où le racisme envers les habitants d’Asie centrale a de beaux jours devant soi. Enfin, Bolot Temirov, journaliste d’investigation déchu de sa nationalité ouzbek, mais continuant à se battre pour faire reconnaître la corruption du gouvernement et mettre fin à la censure. 


USA : San Francisco malade du Fentanyl. Arte, novembre 2024, 25min. 


Une immersion dans le cœur du cauchemar du Fentanyl à San Francisco dans le quartier de Tenderloin. Le documentaire suit Angie, accro au Fentanyl depuis 5 ans, et qui vit dans la rue comme des milliers d’autres.


Le Fentanyl est 50 fois plus puissant que l'héroïne et fait des ravages avec plus de 70 000 morts chaque année aux  Etats-Unis. Le documentaire se penche aussi sur l’inefficacité des pouvoirs publics pour endiguer ce problème sanitaire majeur.



LES FILMS


La plus précieuse des marchandises. Michel Hazanavicius, avec la voix de Jean-Louis Trintignant. Novembre 2024, 1h22min.


Ce film d’animation retrace l’histoire d’un couple de bûcherons qui recueille un bébé tombé d’un des mystérieux trains qui traversent si souvent la forêt. Ce petit enfant de la tribu des “sans-cœur” va bouleverser la vie de cette famille et de leurs voisins. Inspiré du livre de Jean-Claude Grumberg, ce film fait l’autopsie de l’humanité durant la Seconde Guerre mondiale. Parfois aussi dures à regarder que de vraies photos, les animations proposées par Michel Hazanavicius remplacent les mots  lorsque ceux-ci ne sont plus assez puissants pour relater la Shoah qui a frappé l’Europe au milieu du 20e siècle.


Mémoires d’un corps brûlant. Antonella Sudasassi Furnis, avec Sol Carballo, Pauline Bernini, Juliana Filloy. Novembre 2024, 1h30min.


Pour son premier long métrage, la costaricaine Antonella Sudasassi Furnis s’est lancée dans une impressionnante mission : parler de la sexualité de plusieurs femmes âgées. C’est dans cette idée que naît Mémoires d’un corps brûlant, un docu-fiction où trois femmes “à peine plus vieilles” que la grand-mère de la réalisatrice, racontent le cours de leurs vies : les traumatismes, l’oppression de la société patriarcale, jusqu’à la vieillesse, et alors, la libération. La sexualité féminine est ainsi mise à l’honneur, magnifiquement filmée de l’enfance à l’âge adulte, et l’appel à lever le tabou est lancé dans le monde entier.

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