Prix du pass Navigo, réquisition des logements du Crous… Les Jeux Olympiques de Paris 2024 approchent à grand pas, et amènent avec eux leur lot de polémiques. Plus récemment, c’est l’annonce de la potentielle participation d’Aya Nakamura à la cérémonie d’ouverture qui aura réussi à mettre le pays à feu et à sang.
Elle est la chanteuse française la plus écoutée dans le monde, cumule plus de douze millions d’auditeurs mensuels sur Spotify et a même été validée par Rihanna. Si toutes les planètes semblaient s’être alignées pour faire d’Aya Nakamura la chanteuse lors de l’ouverture des JO de Paris 2024, internautes et politiques d’extrême-droite dénoncent l’éventuelle venue de l’artiste comme un “affront à la culture française”.
LA RELÈVE DE LA MÔME ?
Aya Nakamura, chanteuse franco-malienne née à Bamako et ayant grandi à Paris, devrait reprendre certains titres d’Edith Piaf à l’occasion de la cérémonie d’ouverture des JO 2024. Une nouvelle affolante pour de nombreux internautes pour qui la jeune femme ne représenterait pas assez la France du fait de sa double-nationalité et de ses morceaux rappelant l’afrobeat et le zouk. C’est pourtant à la manière d’Edith Piaf qu’Aya Nakamura a su reconduire la France au sommet du classement mondial et de celui de certains pays comme les Pays-Bas, où cela n’avait pas été fait depuis le titre Non, je ne regrette rien en 1961. Un argument réfuté par les opposants à cette idée, comme le polémiste Jean Messiha qui s’est exprimé à plusieurs reprises sur le sujet : “La renommée mondiale de cette artiste ne fait pas l’ombre d’un doute [...] mais elle n’incarne pas l’identité française, cette Franco-Malienne n’identifie personne à la France”.
Faire reprendre à Aya Nakamura des classiques de la chanson française serait pourtant le parfait compromis pour maintenir l'image de l'Hexagone qu’incarne le morceau La Vie en rose tout en mettant en avant la culture dominante aujourd’hui en France, celle de la pop urbaine. Mais incarner l’identité du pays lorsque l’on est issu de l’immigration, impossible selon de nombreuses figures de l’extrême-droite qui auraient préféré “Véronique Sanson ou Alain Souchon” pour l’ouverture des Jeux Olympiques. Difficile de ne pas sourire à l’évocation de ce dernier, pourtant né au Maroc.
DOUBLE-PEINE POUR LES FEMMES NOIRES
En quelques minutes, Aya Nakamura aura été victime d’une avalanche de commentaires misogynes, racistes, et même transphobes la jugeant "trop vulgaire", "trop masculine". Face à ce déferlement de haine, certaines voix se sont élevées pour défendre l’artiste et dénoncer la misogynoir présente sur les réseaux sociaux et les plateaux TV. Forme de sexisme spécifique aux femmes noires et héritée de l’ère coloniale, la misogynoir alimente l’hypersexualisation et les stéréotypes de la femme noire agressive et sauvage ; en opposition à l’idée de la femme blanche discrète et élégante.
Non sans rappeler les commentaires subis par d’autres personnalités comme Rachel Keke, Christiane Taubira ou la chanteuse Lous and the Yakuza, ces attaques dépassent la barrière virtuelle et attestent des discriminations vécues par les femmes noires au quotidien. Si la chanteuse n’a à l’heure actuelle pas confirmé sa participation à la cérémonie d’ouverture, un sondage d’Odoxa révélait ce 10 mars que 63% des Français se disent contre la venue d’Aya Nakamura aux JO.
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